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Pour Cécile Dubart, résister c’est créer !

mercredi 23 juin 2010

crédits Philip Bernard

Extrait du 23 n°200 - été 2010

« Je ne peux pas imaginer ne pas être actrice de ma vie. »

Cécile Dubart milite au sein du réseau national Terre de Liens, dont elle copréside l’association régionale. Militant pour une agriculture paysanne, cette jeune femme volontaire est particulièrement attentive aux dimensions de participation et d’éducation populaire.

D’où te vient cette « vocation » et comment s’est construit ton parcours de militante ?

C’est une construction au fil du temps, des expériences et des petits boulots qui ont été une formation sociologique de terrain.
Je ne suis pas née militante, je n’ai pas été nourrie de cette idée dans ma famille. C’est après être partie de chez moi que les premiers questionnements sont apparus, en particulier sur la vie au quotidien. Par nécessité, j’ai fait les marchés pour des maraîchers en agriculture bio. Ce milieu et les discours qu’ils tenaient m’ont sensibilisée aux valeurs du naturel. J’ai commencé à regarder la société autrement et ce que je découvrais ne me plaisait pas trop.
Puis d’autres rencontres ont accéléré le processus : un photographe qui voyait son art comme un vecteur de communication, d’interpellation, m’a transmis sa passion ; des participants à une marche pour la décroissance dans le Lyonnais en 2005 m’ont fait découvrir l’action collective et son potentiel.

Comment es-tu passée d’une posture de refus à un militantisme revendicatif, force de proposition et de construction ?

Jusqu’alors, tel Don Quichotte, il me semblait me battre contre des moulins. Mais être contre devait signifier être pour autre chose. Ayant trouvé intéressante l’expérience lyonnaise, j’ai décidé d’organiser une marche pour la décroissance en dans notre région. Sans expérience en matière d’actions collectives, j’ai pris des claques durant la réalisation de ce projet, ce qui en fit une expérience très enrichissante.
Puis j’ai eu l’opportunité de rencontrer une association pyrénéenne, « Terre de Liens ». J’éprouvais depuis longtemps de l’intérêt pour l’agriculture paysanne et j’ai découvert des valeurs d’initiatives collectives de solidarité, d’échanges, de création, ainsi qu’une grande qualité de débats entre participants de générations et d’origines sociales diverses. Il y était question de gestion respectueuse de la Terre et replaçant l’Homme en son sein.
Cette rencontre a représenté vraiment le début de ma dimension militante. La suite coule de source ! J’ai participé à la création de Terre de Liens Nord-Pas de Calais dont j’ai été la première permanente salariée avant de redevenir bénévole militante, ce qui me convient bien mieux du fait de mon ’franc parler’ et de mon besoin d’action ’sur le terrain’.

Quels sont tes souhaits dans l’immédiat et quel message voudrais-tu porter ?

Je suis devenue très attentive à la micro politique du groupe, appelons ça démocratie participative, et je souhaite que participation, formation, partage soient toujours des valeurs phares. Je tiens également beaucoup à la notion d’éducation populaire. Pour l’association régionale, j’aimerais voir la présidence tourner. Et je souhaite que le mouvement national représente un poids « politique » plus fort face aux structures institutionnelles. Etre citoyen ne se réduit pas à l’acte de voter. Consommer est un acte politique.

Pour conclure, que dirais-tu ?

Que je suis de plus en plus motivée par ce que je fais pour ne pas conclure, mais continuer à ouvrir, car, si je suis devenue militante, c’est parce que je ne peux pas imaginer ne pas être actrice de ma vie. Résister c’est créer [1].

Propos recueillis par Claude Pruvot


[1Résister, c’est créer de Florence Aubenas et Miguel Benasayag - Edition La Découverte