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Elise Defossez, militante en roue libre

lundi 20 juin 2011

« Peu à peu, j’ai vu arriver la notion d’adaptation aux crises, au dérèglement... Cela me choque et m’indispose beaucoup. »

La libération de l’Homme passerait-elle par le vélo ? Je ne sais pourquoi, alors que j’écoute Elise Defossez me parler de son parcours, cette question me vient spontanément à l’esprit ; peut-être parce que pour Elise, le vélo est un merveilleux outil, non seulement pour se déplacer en toute liberté, mais aussi pour aller à la rencontre des autres et porter de manière pacifique nombre de revendications...

ADAV, Vélorution, Cyclotour paysan... Comment et pourquoi tant d’importance pour le vélo ?

Ce n’est pas venu spontanément ; c’est l’addition d’un mode de vie à la campagne jusque 18 ans, d’une éducation familiale qui m’a inculqué le respect des autres et le souci de préserver l’environnement. Puis il y a eu mon arrivée en 1998 à Tourcoing pour y poursuivre mes études, la nécessité de m’y déplacer facilement et de manière économique qui m’ont logiquement amenée à me procurer un vélo, des rencontres et des connaissances liées dans le milieu associatif. Peu à peu, j’ai utilisé le vélo non seulement comme un moyen de déplacement pratique et écologique, mais également comme un outil de rapprochement entre les gens, comme vecteur de sensibilisation et de revendication.
A ce stade de ma réflexion, c’est donc naturellement que j’ai rejoint l’ADAV en tant que bénévole, association dans laquelle j’ai rencontré un grand nombre de personnes intéressantes, ouvertes, motivées et actives. J’en suis devenue administratrice durant un certain temps.

J’ai cru comprendre que tu étais une des initiatrices de la Vélorution Lilloise.

Initiatrice, peut-être pas ! Mais j’ai effectivement participé en 2005 à l’organisation de cette manifestation à vélo en tant que bénévole ADAV, en partenariat avec l’association CHICHE !. Elle est destinée à porter des revendications diverses de manière non violente et festive ; vélorution pour les énergies renouvelables, pour la piétonnisation de la Grand-Place, contre le Paris-Dakar, pour la sortie du nucléaire, contre l’A24, pour la libre circulation des personnes, etc.

Tu viens de parler d’énergies renouvelables, de sortie du nucléaire ; ce sont ces problématiques qui t’ont fait rejoindre Virage Energie ?

C’est un peu plus complexe que ça. Tant dans ma vie de bénévole que professionnelle, je suis une militante convaincue pour les valeurs humaines et environnementales. J’ai parlé de mes études à Tourcoing. Après avoir obtenu un BTS en économie sociale et familiale, j’ai été recrutée en 2003 par CRESUS à un poste de conseillère info-énergie, avec pour mission particulière la précarité énergétique (économie d’énergie/maitrise de la consommation). A cette époque, dans la profession, il était question de lutter contre les crises énergétiques, sociales, contre le dérèglement climatique... Mon activité professionnelle était donc parfaitement en phase avec mes valeurs ; et puis, peu à peu, j’ai vu arriver la notion d’adaptation aux crises, au dérèglement... Cela me choque et m’indispose beaucoup.
Ceci explique en partie mon adhésion à Virage Energie, même si, par manque de temps et d’énergie personnelle, mon implication se limite à un soutien inconditionnel ; si je les ai rejoint, c’est aussi parce qu’ils sont ma bouffée d’optimisme pour la société, tant par le scénario que par les solutions concrètes qu’ils proposent face aux crises énergétiques et aux dérèglements climatiques.

Au début de cet interview, j’ai cité le Cyclopaysan. Peux- tu nous en dire quelques mots ?

J’ai effectivement été très impliquée et j’ai participé au Cyclotour Paysan en Nord-Pas-de-Calais qui s’est déroulé en avril. Cette implication découle logiquement de mes liens avec la terre et le monde de la campagne et explique également la nouvelle orientation que je vais donner à ma vie dès le mois de juin.

Quelle orientation ? Dis-nous en un peu plus !

Je prends un congé formation et je vais suivre jusqu’en 2012 une formation en maraîchage biologique. Cette nouvelle orientation est ma bouffée d’optimisme personnelle et participe de cette volonté de créer qui est parfaitement illustrée dans le n°200 du 23 (article « Résister c’est créer », Cécile et Héléna).

Par quels mots souhaites-tu conclure cet interview ?

Pour moi, c’est à chacun de trouver sa voie, de créer son propre avenir, en ayant soin d’être toujours en cohérence avec ses idées et dans le respect de l’autre et de son environnement.

Propos recueillis par Claude Pruvot