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Y a-t-il une volonté délibérée de nier la dimension sociale ? Conf Paysanne

vendredi 13 mai 2011

Arras, le 12 mai 2011

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA CONFEDERATION PAYSANNE NORD-PAS DE CALAIS

Y a-t-il une volonté délibérée de nier la dimension sociale ?

Sans surprise, Nicolas Sarkozy n’a pas fait d’annonce ce matin lors de son déplacement dans le Pas-de-Calais. Son passage éclair a beaucoup ressemblé à une étape d’un tour de France électoral, un an avant l’échéance. Et quoi de mieux qu’une tribune de fidèles pour débiter des généralités réchauffées sur le thème de l’avenir du métier d’agriculteur ? Même pas une allusion à la situation dramatique de nombreux élévages aujourd’hui frappés par la sécheresse après avoir déjà été affaiblis par l’explosion du prix des aliments et intrants.

Alors que le chef de l’État, aidé dans sa tâche par Jean-Bernard Bayard président de la chambre d’agriculture de région et vice-président de la FNSEA, n’ont cessé de souligner le rôle stratégique de l’agriculture française, à aucun moment nous ne les avons entendu parler de paysan-ne-s, de femmes et d’hommes. Cette agriculture d’entreprise qu’ils entendent promouvoir voudrait-elle s’en passer ?

Lorsque qu’on entend « des prix pas des primes », on prête l’oreille et la confédération paysanne adhère à l’idée que le système actuel a notamment eu pour vice d’éloigner les agriculteurs de la question de la vente de leurs produits. Idem quand le chef de l’État évoque l’introduction d’un critère de proximité auxquels devront satisfaire au moins 20% des produits achetés par appel d’offre.

Par contre, quand le président vante la libéralisation des marchés, la vocation exportatrice de la France et prône par ailleurs la préférence communautaire basée sur les normes sanitaire et le concept de sécurité alimentaire, on ne suit plus du tout. Contrairement au chantre de la régulation des marchés agricoles que sera probablement le locataire de l’Élysée lors des prochains G8 et G20, notre syndicat prône la souveraineté alimentaire et donc le respect du droit des peuples à se nourrir par eux-mêmes. Cet objectif ne peut être atteint sans des paysans nombreux.

Attendu par les Jeunes Agriculteurs, Nicolas Sarkozy a affirmé sa priorité : installer 7000 jeunes agriculteurs par an. Pour y parvenir, rien de nouveau si ce n’est l’application de la loi d’orientation agricole votée en 2010 et la pérennisation du financement des dispositifs avec la nouvelle taxe sur la plus value des transactions des terres agricoles devenues constructibles. Cette loi vient d’entrer en vigueur et devrait rapporter 10 milliards. Avec cette taxe absolument pas dissuasive et la création d’une énième commission départementale au seul rôle consultatif : la C.D. de consommations d’espaces agricoles, il se targue de vouloir porter un véritable « coup d’arrêt sans précédent » à l’hémorragie qui touche le monde paysan.

Fidèle à lui-même, Nicolas Sarkozy se moque du monde.

Antoine JEAN, porte parole régional de la Confédération Paysanne

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