Accueil > Ressources > Aménagement du territoire ou territoire à ménager ?

Aménagement du territoire ou territoire à ménager ?

vendredi 8 avril 2011

Article paru dans le 23 n°203, printemps 2011, journal d’expression des assos du réseau MRES

En Belgique, la transformation progressive des campagnes en zones péri-urbaines, tout comme la pression immobilière en ville ont des impacts importants sur le territoire : destruction du maillage écologique, ségrégation sociale... De quoi avoir l’alarme à l’oeil !

En région bruxelloise, où la pression immobilière est de plus en plus forte, l’un des chantiers majeurs est de garantir l’accès à un logement à toutes les couches de la population. Cela nécessite notamment d’investir massivement dans les logements sociaux et moyens. Tout en ne sacrifiant pas les espaces verts.

En région wallonne, la situation est toute autre. Les villes se vident au « profit » des campagnes. Si cela constitue, de fait, un profit pour les communes rurales, qui voient ainsi leurs recettes fiscales augmenter, cela n’en génère pas moins un coût social et écologique élevé

Des coûts sociaux et écologiques

Car les villas qui poussent en ruban le long des routes, les zones d’activité économique et les villages résidentiels qui s’installent au milieu de terres agricoles, font peser un triple poids. Sur l’environnement : réduction des superficies agricoles ; perte de biodiversité ; risques d’inondations ; consommation accrue d’eau ; banalisation et dégradation des paysages ; augmentation de la pression automobile ; pollution sonore etc. Ensuite, l’urbanisation de nos villages est également lourde pour les finances publiques : multiplication des infrastructures et services (écoles, transports en commun…). Sans oublier, l’impact sur la vie villageoise, de plus en plus coupée du monde agricole et des traditions, contrainte d’inventer de nouveaux liens sociaux.

L’idolâtrie de la vie à la campagne

Cet étalement urbain, qu’il convient donc de freiner, a été privilégié par une idolâtrie de « la vie à la campagne » et un fort attachement culturel au modèle de la maison individuelle quatre façades. Il conviendrait donc de proposer un autre rêve à nos concitoyens. Le rêve d’un territoire rural et urbain utilisant rationnellement l’espace, d’un espace enchanteur où l’on puisse loger, travailler, consommer, se détendre sans dépendre. Sans dépendre de notre voiture, des produits importés, de l’épaisseur de notre portefeuille. Pour exaucer ce rêve, il ne s’agira pas seulement de frotter très fort la lampe magique des solutions techniques. Il s’agira aussi de mettre en place de puissantes dynamiques éducatives et participatives. De donner à chacun de nous l’envie d’y mettre sa pierre, sans faire fi du passé et des contraintes. Car l’aménagement du territoire ne se décrète pas, il se construit.

Christophe DUBOIS

Source : Laurence Lambert, « Villages durables, pistes pour l’action
locale », Etopia. Téléchargeable sur http://www.etopia.be
© Luc Schuiten
Article repris du magazine Symbioses N° 86 dans le cadre d’un partenariat avec le réseau Idée http://www.symbioses.be