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Logement : ces Bruxellois qui résistent

jeudi 21 octobre 2010

Face à la spéculation, à la gentrification, aux expropriations, la résistance s’organise à Bruxelles pour un aménagement du territoire répondant aux attentes spécifiques de ses habitants, de tous ses habitants. Pour une capitale qui ne soit pas que du capital.

Le quartier Maritime : des trottoirs salis, un contexte de fragilité sociale. Pierre Lauwers et Sylvie Eyberg font partie du Comité de Quartier qui depuis plusieurs années, avec Inter-Environnement-Bruxelles (IEB) notamment, combat les projets immobiliers spéculatifs successifs dont fait l’objet le site tout proche de Tour & Taxis. Le dernier en date ? La construction de 220.000 m2 de luxueux commerces, logements et bureaux. Le tout habillé d’arguments massue : plus de densité, de mixité, d’écologie, de retour en ville, de qualité de vie, etc. C’est plutôt « durable », non ? Sauf que Sylvie et Pierre ne s’y trompent pas : « Il y aura une rupture sociale radicale entre le site et son environnement. Comment s’assurer que ce luxe ne va pas stigmatiser davantage la population avoisinante ? En quoi cela répond-il aux besoins des habitants du quartier ? » Et de constater un embourgeoisement : « Des gens sont arrivés ici parce qu’ils n’ont pas eu le choix. Au fil des ans et des programmes de revitalisation, ils ont investi leur lieu de vie, le rendant plus attrayant. Mais le quartier s’améliorant, il attire des gens plus aisés, donc les loyers augmentent, donc les plus pauvres partent. »

Le Comité de Quartier plaide donc pour la création de logements sociaux et la conservation d’espaces verts, de respiration. S’ils ont déjà obtenu beaucoup de victoires, cette fois ils ne semblent pas encore avoir été entendus.

Construire des logements, (trop) vite

En remontant vers le Nord, on atteint Neder-Over-Hembeek, zone périphérique aux larges espaces verts. La Ville et la Région ont décidé d’y construire environ 500 logements moyens et 200 logements sociaux. De quoi répondre à quelques-uns des 50.000 ménages qui attendent déjà pour un logement social.

Cette annonce a évidemment ému de nombreux Hembeekois, qui ont été parfois près de 200 à se déplacer aux réunions de concertation. « Les infrastructures publiques (écoles, crèches…) et les transports publics existants ne permettent pas de répondre aux besoins actuels des habitants. Comment pourraient-ils dès lors répondre à ceux des milliers d’habitants annoncés ? », s’interroge Olivia Lemmens, d’IEB, qui a accompagné le processus. D’autant que chacun des lotissements est pensé individuellement. Les comités de quartiers se sont donc regroupés. Pour faire entendre leurs inquiétudes dans un premier temps, pour apporter une expertise globale ensuite, comme l’analyse Pierre Hargot, membre de la plateforme de coordination des comités : « Chaque quartier est en contact avec les autres, afin de croiser les infos parcellaires que nous recevons de l’administration. Cela permet d’analyser les enjeux et de penser les solutions de façon globale et durable. Nous ne sommes pas contre ces nouveaux logements, mais pas n’importe comment. Echanger aide aussi à réagir de façon moins émotionnelle et plus technique. Cela nous a permis de faire évoluer certains projets. Nous commençons à être entendus.  »

Christophe Dubois – Réseau IDée

Pour en savoir plus : IEB et sa revue Bruxelles en Mouvement – http://www.ieb.be

Article (extraits) paru dans Symbioses N°76, le magazine belge de l’éducation à l’environnement, réalisé par le Réseau IDée : http://ww.symbioses.be