Quand une malle pédagogique s’attaque au mal énergétique...

Une malle pédagogique présentant des outils adaptés afin de sensibiliser à l’environnement des personnes défavorisées. C’est ce sur quoi la MRES (pour la France) et le réseau IDée (pour la Belgique) ont travaillé dans le cadre du projet Interreg. L’un des outils pioché dans cette malle, centré sur l’utilisation rationnelle de l’énergie, est utilisé depuis un an par une organisation belge. Reportage sur place...

Il s’appelle « Ménagez les électros ». Ce jeu de cartes tout simple n’a l’air de rien. Et pourtant, « c’est un outil surprenant dans la pratique », note Stéphanie De Tiège, de l’ASBL (association) Empreintes*, située à Namur.

Etudions son mode d’emploi. Par groupe de deux, on choisit une image : un four, un radiateur ou un frigo par exemple. Le duo doit discuter des astuces pour utiliser chaque objet de façon plus rationnelle. Le partage en grand groupe vient ensuite. « En tant qu’animatrice-facilitatrice, note Stéphanie, je suis souvent étonnée par la créativité des gens. J’ai moi-même appris à réutiliser des tetrapacks pour congeler mes restes de repas ». Ce jeu est utilisé dans le cadre du projet « Ecowatchers », qui vise à redonner la capacité aux personnes en situation de précarité d’agir sur leur environnement en s’appuyant sur la dynamique de groupe. « Ces personnes sont expertes de leur propre vie », continue l’animatrice. « Elles ont du se débrouiller pour trouver des solutions dans des situations difficiles et ont développé une grande créativité. Le groupe, qui se réunit une fois par mois, leur permet de partager cette expérience. »

Entre économies d’énergie et confort de vie...

Mené avec le soutien du Centre Public d’Aide Sociale , le projet permet de changer les comportements et de faire baisser les factures de ces ménages en difficulté. « On effectue un suivi individuel, mais on n’émet pas de jugement, et on ne vient pas non plus apporter la bonne parole », note Stéphanie. « Entre économies d’énergie et confort de vie, il faut trouver un équilibre. Si quelqu’un a besoin d’un bon bain chaud pour être bien dans sa peau, il faut le conserver ! »

L’intérêt de ce projet va plus loin. « Un groupe a souhaité parler de la libéralisation du marché de l’énergie, et aussi des impacts sur l’environnement. Et puis dans cet espace convivial, les gens reprennent confiance en eux, des solidarités se nouent, c’est aussi important. »

Ce type de projet provoque l’intérêt. « On a démontré que la dynamique collective a un impact sur le comportement individuel. Et puis parler d’environnement permet de travailler sur le social », conclut l’animatrice.

Pour François Beckers, du réseau IDée, « il faut veiller à croiser le lien social avec l’éducation à l’environnement, faire se rencontrer deux manières de travailler, même si ce n’est pas toujours simple ».

Patricia Hanssens

* cette organisation de jeunesse gérant le CRIE de Namur a pour mission de sensibiliser les publics à l’écologie

Eviter une nouvelle fracture sociale...

L’idée de constituer cette fameuse malle est partie à l’origine du souci d’éviter qu’une nouvelle fracture sociale ne se crée dans l’information sur les enjeux environnementaux. Destinée aux associations du secteur social et culturel, celle-ci vise aussi à être un support pour les associations d’éducation à l’environnement, pour les inviter à rencontrer ces publics qu’elles ont parfois peu l’habitude de côtoyer. Les thèmes traités par la malle concernent aussi bien l’énergie et l’éco-consommation que l’éco-citoyenneté et les espaces de vie.

Plus d’infos sur la malle : v.dillies@mres-asso.org – celle-ci peut être empruntée à la MRES.

Biblio :

– Sensibilisation environnementale et précarité – Eléments de réflexion – CERES – Belgique
Cette intéressante étude se penche sur la méthodologie à adopter pour s’adresser à un public précarisé dans le cadre d’activités de sensibilisation à l’environnement.
http://www.ceres.fapse.ulg.ac.be/En...

sur les outils pédagogiques franco-belges : http://www.envirodoc.org