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A la croisée des regards

mercredi 7 avril 2010

Extrait du 23, journal d’expression associative du réseau MRES, printemps 2010

En Belgique, l’Education relative à l’environnement (ErE) et de l’Education au Développement (ED) ont mis en place des journées thématiques appelées « Regards croisés ». Tandis que les convergences surgissent de façon évidente entre ces deux mondes, les divergences rendent la rencontre enrichissante.

Tout commence début 2005. Alors qu’au Burkina Faso se profile le 3e Forum Planet’ErE (1), auquel participent plusieurs organisations belges, au niveau mondial, la Décennie de l’éducation au développement durable est lancée. Il n’en fallait pas plus pour qu’une demi-douzaine d’associations entament les premiers pas d’une synergie visant à échanger leurs pratiques. Ces associations émanent de deux secteurs distincts : l’Education relative à l’Environnement (ErE) et l’Education au Développement (ED). Deux secteurs qui, s’ils ne s’ignorent pas, cohabitent sans trop partager leurs débats. L’objectif de ces réunions informelles sera donc de se connaître pour se renforcer mutuellement.

Des premiers constats...

Au cours des premières rencontres, des convergences surgissent. Les deux secteurs oeuvrent, notamment, pour des finalités communes : « agir sur les comportements à partir d’une vision critique des mécanismes de consommation, de modèles de développement destructeurs, de pillages des ressources, de dominations et d’exploitation de certaines populations... » (2).
Les champs d’action restent à nuancer. L’ErE part majoritairement des individus et de leurs comportements, de leurs gestes au quotidien, pour ensuite passer aux enjeux globaux. L’ED, quant à elle, adopte une approche plus collective et militante. Elle décortique d’abord les mécanismes générateurs d’inégalités pour conclure seulement par les possibilités d’actions. Constat qui en appelle un autre : là où le terrain d’action de l’environnement est local (les changements commencent « ici », dans mes habitudes alimentaires...), celui du développement est moins palpable (même si l’éducation se fait ici, ça se passe « là-bas », dans le Sud).

... à la co-construction

Ces premiers constats ne font que conforter l’idée d’un apport complémentaire et indispensable entre ces deux mondes pour renforcer leurs pratiques. Dès 2007, une nouvelle stratégie voit le jour : la mise en place de journées co-construites par deux associations, l’une de l’ErE, l’autre de l’ED. Ces ateliers invitent animateurs, enseignants, formateurs... à se plonger dans une thématique.

Nadine Liétard, formatrice en ErE, a aiguisé son regard sur la démarche générale. « En termes de valeurs, il n’y a pas de grandes divergences entre les animateurs et formateurs des secteurs présents », souligne-t-elle. Les choix de thématiques se rejoignent aussi, notamment autour de certains grands enjeux tels que l’eau.

Consolider les acquis

Néanmoins, des divergences existent, que ce soit dans les approches pédagogiques et méthodologiques utilisées ou dans « le choix [...] de cloisonner certaines thématiques, dans le but de ne pas trop complexifier les choses », poursuit Nadine Liétar.
D’où l’intérêt d’une synergie entre ces deux mondes. Pour la formatrice, « ce rapprochement, c’est s’enrichir de visions différentes au niveau des pédagogies adoptées et des thématiques abordées, mais aussi de visions différentes de la société et de la place de l’individu dans la société. »

Céline Teret

Article (extraits) paru dans Symbioses N°76, le magazine belge de l’éducation à l’environnement, réalisé par le Réseau IDée : http://www.symbioses.be

(1) Organisé par la Fondation Nature et Vie, le 3e Forum Planet’ErE (le réseau francophone des acteurs de l’éducation à l’environnement) s’est tenu en 2005 et a rassemblé plus de 2000 participants issus de plus de 43 pays.
(2) Stephan Rawez, Entraide & Fraternité, dans l’Infor’IDée n°1/2006