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Françoise Holvoet : un triple engagement pour les solidarités

vendredi 17 avril 2009

Extrait du 23 n° 195 printemps 2009

Après de longues années dans l’enseignement, Françoise Holvoet se consacre désormais avec son mari Robert (président du CRDTM) à la vie associative. CCFD, CRDTM, Artisans du monde, son engagement n’est plus à prouver. En janvier, Françoise Holvoet est allée au Forum Social Mondial à Belém, un rassemblement porteur d’espoir.

Le 23 : D’où vient votre engagement pour la nature et l’environnement ?

Mon engagement au sein des trois associations ne peut être dissocié, il a du sens grâce à mes études et ma vie professionnelle. J’ai étudié les sciences de la vie et de la terre au sein de l’université des sciences dans les locaux actuels de la MRES. J’ai été enseignante pendant six ans en collège et lycée, au moment où les premières notions d’écologie apparaissaient. Mon but était de faire prendre conscience aux élèves de la nature et que l’homme fait partie de cette nature. J’ai formé pendant plus de 25 ans des professeurs des écoles. La connaissance scientifique rigoureuse est nécessaire pour comprendre le monde. Cependant elle a besoin d’autres disciplines (histoire, mathématiques, éducation à l’environnement...). J’ai ainsi travaillé en partenariat avec des spécialistes du musée d’histoire naturelle, et avec les ressources du CRDTM et de la MRES par exemple. C’était une autre manière d’aborder le rapport du monde et de la nature.

Le 23 : Quelles sont les valeurs que vous défendez ?

D’abord le soutien aux populations du Sud. Le CCFD et Artisans du monde aident ces gens qui ont une telle dignité humaine, qui relèvent toujours la tête pour rebâtir. Je crois aussi dans l’aspect concret des plaidoyers. Les pétitions sont très importantes, elles réunissent les citoyens pour alerter les décideurs et faire respecter les DESC (droits économiques, sociaux et culturels). Enfin la troisième valeur forte, c’est l’idée "qu’ensemble, on peut agir". Les réseaux d’associations sont indispensables à la recherche de justice et de paix.

Le 23 : Du 27 janvier au 1er février vous étiez au Forum Social Mondial (FSM) à Belém au Brésil, quels sont les thèmes qui ont été abordés ?

Nous étions aux confins de l’Amazonie, il a donc d’abord été question de l’avenir des peuples indigènes et de la forêt amazonienne. Cette surexploitation due à la culture de la canne à sucre et du soja doit interpeller toute la planète. Le FSM a soulevé les problèmes de migrations de population, des ressources alimentaires et énergétiques liées à l’agro-carburant. La crise financière est perçue comme une menace, mais c’est aussi l’opportunité de rebondir.

Le 23 : Quelles étaient vos impressions à l’issue de ce rassemblement ?

J’ai eu le sentiment de côtoyer la terre entière. Les 133 000 participants se sont retrouvés unis dans la diversité sur des problèmes communs. On apprend de l’autre et ça permet de rendre visible la force de la société civile. Ce nouveau citoyen qui s’implique dans les enjeux mondiaux et interpelle les pouvoirs politiques est essentiel. Cinq chefs d’états d’Amérique du sud tel que Lula sont intervenus en marge du forum pour affirmer qu’ils étaient le fruit du mouvement altermondialiste.

Le 23 : C’est un message d’espoir ?

Oui, le FSM compte de plus en plus de jeunes qui sont responsables d’ateliers. Le mouvement ne peut pas s’essouffler. Il se décline à l’échelle locale, comme la campagne menée par Artisans du monde, "l’agriculture est malade, soignons la PAC". Nous avions écrit aux responsables politiques pour les faire réagir.

Le 23 : Votre engagement est-il toujours intact ?

J’ai souvent envie d’arrêter mais je continue, le fait de ne pas être seule permet de retrouver du dynamisme. J’agis modestement à mon échelle pour plus d’humanité, avec une remise en cause et un enrichissement inattendu.

Propos recueillis par Thomas Larquemain